Promenade immobile
Exposition du 7 octobre au 4 novembre 2023

En pénétrant dans son atelier-boutique dans la campagne genevoise on a l’impression d’entrer dans un petit théâtre. Un lieu où naissent des histoires. Des histoires avec une ribambelle de personnages : des têtes sous cloches, des petits monstres en terre, des crayons-nichons, des poupons-protozoaires, des bois peints qui se tortillent et des personnages de gouache qui révèlent des bribes de vie ou exécutent moultes farandoles et galipettes. C’est un univers absolument unique à la fois joyeux et inquiétant.

Au-delà des apparences

Cette dualité se retrouve dans les grandes gouaches peintes pour l’exposition de Lausanne. En apparence tout n’est que calme et sérénité. Des femmes se prélassent dans un fauteuil, des hommes méditent dans la nature. Les maisons sont vides. Et pourtant, les œuvres d’Albertine sont étonnamment loquaces. On entend parfaitement le dialogue intérieur des personnages, leurs rêveries mais aussi leurs désenchantements. Quant aux intérieurs inhabités, ils nous dépeignent de manière spectaculaire les propriétaires absents par le biais de leur partis pris architecturaux et décoratifs.

Albertine nous invite à contempler ce spectacle dont elle est la metteuse en scène et à regarder au-delà des apparences.

La vie en couleur

L’artiste aime peindre avec la gouache dont elle juxtapose les teintes mates avec subtilité et audace. On perçoit la jubilation à jouer avec la couleur, les formes et les motifs. Albertine a pour habitude d’entreprendre plusieurs projets à la fois pour ne pas perdre l’enthousiasme et la patience devant une peinture dont l’exécution ne tolère aucune imperfection.

Et si l’univers d’Albertine est clairement défini et ses œuvres le fruit d’un travail acharné et très soigné, l’artiste entretient un espace sauvage et intime où elle est constamment en train d’expérimenter et de chercher des nouvelles formes, des approches novatrices. En témoignent des dizaines de livres d’artiste dessinés et de leporello qu’elle met un point d’honneur à finir en une journée et à ne pas vendre.
On pourrait comparer cette pratique à une sorte de gymnastique personnelle dont le résultat est incroyablement vivant et riche. Et on est totalement bluffé par ce besoin impérieux de créer.

Car en effet, Albertine ne s’arrête pratiquement jamais. Les projets s’enchaînent que ce soit des livres, des expositions ou des films animés.

Et nous sommes fiers et heureux d’avoir pu trouver avec elle un moment à Lausanne après son exposition à la Galerie Ligne 13 à Genève et avant celle au Musée Alexis Forel à Morges.