Les restes, leftlovers, Hinterlassenschaften
Peintures et sculptures
08.03.2014 – 11.04.2014
Emil Gut photographie les traces de deux feux de bois dans la forêt et les transforme en créations textiles de grand format, en coton et polyamide, dont la matérialité est bien visible. L’une scintille dans une variation de tons gris, l’autre attire par des nuances d’ocres et de noires.
L’artiste zurichois connait bien le monde textile pour avoir crée depuis de nombreuses années des motifs de tissus pour sa sœur, la styliste zurichoise Ida Gut.
Si on s’était laisser aller à imaginer une veillée joyeuse puis rêveuse au coin du feu, enchantée par le doux crépitement des flammes et la délicieuse odeur des grillades, les tranches de pains et de tresse entamées, en terre cuite et pas cuite nous ramènent prosaïquement vers notre pain quotidien. Même si on n’est pas tenté de mordre dans ces objets à l’allure compacte et dure, la matière du pain est rendue avec une plasticité à s’y méprendre.
Des travaux textiles on passe vers un tout autre monde. Des petites peintures représentent de manière réaliste des paysages forestiers. On y aperçoit des parcelles de forêt, assoupies dans une lumière blafarde, jonchées de souches, de branches cassées, de troncs d’arbres écrasés, témoins silencieux d’une dévastation. Ces dégâts de forêts, sont-ils l’œuvre de l’homme ou de la nature? Nul ne le saura jamais.
Avec une technique de peinture presque traditionnelle et classique, ces bouts de forêts rappellent des œuvres plus anciennes où figuraient des bateaux historiques. Elles évoquent également ces petits paysages marins d’aspect impressionniste, qu’Emile Gut aime à réaliser dans un jeu d’ombre et de lumière finement dégradé.
Quant à la série des échelles à chat, que de poésie ! Se détachant du fond sombre, elles se dressent d’un bout à l’autre du tableau comme pour monter au ciel.
Certains des travaux rappellent que l’artiste vient de l’illustration. C’est le cas des cornets de glace en aplats multicolores et graphiques dont émane une impression légère et aérienne. Ils se composent invariablement d’une forme modulaire simple, constituée par un triangle finissant dans une pointe aigue sur lequel est placée une boule glacée et sa décoration en sucre. Parfois présentées sur fond vert vif, les glaces se fondent bientôt dans un décor aux teintes sourdes.
Si au premier coup d’œil, on ne croit voir là qu’une œuvre disparate, on finit par remarquer, les contradictions, les ambivalences, les failles et ambiguïtés qui s’y glissent et s’y tissent. Emil Gut introduit de manière totalement volontaire et non sans une bonne dose d’espièglerie, des irritations qui oscillent entre les divers matériaux, thèmes ou critères esthétiques.