LE GOÛT DU RISQUE

Emil Gut, peintures, performances et installations
7 septembre – 5 octobre 2024

Emil Gut aime arpenter les marchés aux puces pour dénicher des trésors. Il en a fait son rituel du samedi et c’est là, dans ce fatras d’objets et d’images que son imaginaire se met à vagabonder.

 

Chantilly capillaire

C’est ainsi qu’est née la série de peintures Au Coiffeur qui prend appui sur des publicités anciennes pour produits capillaires. A partir de ce point de départ, l’esprit facétieux du peintre opère. Les coupes deviennent de folles crinières et des toisons fantasques. Le pinceau s’égare en de voluptueuses volutes jusqu’à ces portraits cubistes composés comme des collages par appositions de coups de brosses. Il se dégage quelque chose de sensuel et de défoulant de ces portraits psychiques qui rappellent peut-être ce rapport intime qui existe entre nos cheveux et nos états d’âmes.

Emil fait partie de ces artistes qui aiment expérimenter avec la matière et les idées.

Pour preuve la séries de fleurs datant de 2022. Autant le sujet est un grand classique de la peinture de nature morte, autant l’interprétation d’Emil se veut expérimentale et ironique. Les bouquets se suivent mais ne se ressemblent pas. L’artiste y décline tout un vocabulaire pictural avec un plaisir évident de tester les matières et les formes.

 

Le goût du risque

Le goût du risque est en quelque sorte inscrit dans l’ADN du peintre zurichois. Il nous avait habitué à des peintures minutieuses et classiques de bateaux, il nous emmène maintenant vers des sujets elliptiques où le ciel prend le dessus. Un azur où on retrouve toute sa maîtrise de l’huile. Le ciel est mis en lumière par des bribes de paysages : un bout de haie, une île au loin, la touffe d’un arbrisseau.

Cette peinture subtile, l’artiste l’enserre dans de larges cadres peints comme des trompes l’œil imitant le bois et le papier marbré. Par cette intervention radicale, Emil met notre regard à l’épreuve cassant ainsi volontairement le côté « joli paysage ».

Cette mise à distance crée un décalage qui n’est pas sans rappeler la séduction du disgracieux, celle même que nous éprouvons au marché aux puces.