Frédéric Pajak
Dessins de Russie, collages de Chine
Une exposition de dessins à l’encre de Chine et de collages marouflés sur papier
Du 13 décembre 2018 au 18 janvier 2019
Des bouleaux à perte de vue
Frédéric Pajak est un sensible. Il s’imprègne, renifle, revit l’environnement des penseurs qui peuplent ses récits, écrits et dessinés. Il est allé à Turin pour Pavese, dans les Pyrénées pour Walter Benjamin et, ce printemps, en Russie pour la poétesse Marina Tsvetaieva. Il en a rapporté des dessins d’architecture, d’archives historiques et de scènes de rues. Mais avant tout, il a dessiné des forêts de bouleaux à perte de vue, des steppes et des routes, les paysages des bords de la mer Noire.
Puis à l’automne, Frédéric a retrouvé la Chine: il y avait longuement séjourné en 1982, date à laquelle il a commencé à peindre. De cette confrontation est née une sublime série abstraite de collages marouflés sur papier.
À vive allure
Frédéric entre en dessin comme on entre en transe. Il grille une plume par dessin et dessine sans relâche, du matin au soir. Traits, hachures, trous noirs, lumière blanche. Il passe d’une recomposition historique à des interprétations d’après documents, en les aérant avec des vues de la nature croquées sur le motif. Des dizaines de dessins en quelques semaines. Le Manifeste Incertain 7 ne déroge pas à cette constante.
Dans ses dessins avec des personnages, il règne une tension quasi cinématographique. On reste ébahi par l’équilibre des noirs et des blancs. C’est tout le contraire dans ses représentations de la nature, où des milliers de traits rendent à la perfection la touffeur végétale, les feuillages vaporeux et les ciels si vivants, animés par des volutes d’encre de Chine. Dans les deux cas, ce qui frappe, c’est le rythme endiablé.
Inspiré par la vie
Idéogrammes inventés, fragmentés et recomposés. Frédéric Pajak n’est pas homme des demi-mesures. Durant son séjour en Chine, outre des grands formats qui ont été exposés sur place, l’artiste a produit un nombre considérable de collages abstraits dont les déchirures noires et rouges forment des compositions remarquables, à la fois puissantes et équilibrées. L’homme s’efface pour épouser ce souffle, cette
énergie vitale chère à la peinture zen. Au final, ce sont des assemblages détonants marouflés sur papier, d’une grande sobriété et d’une spontanéité totale. Bluffant.