Apparitions

Peintures à l’huile et dessins
14.03.2013 – 20.04.2013

(…)Dans les tableaux de Gilbert Pastor, l’air aussi est peint comme si de lentes années d’étuve s’étaient collées, épaississant les murs. Le peintre sait que « dehors » existe mais il n’en donne pas souffle à ses personnages. L’air est devenu si épais qu’il porte ses sujets et ses objets (un lit, une chaise, un jouet) dans sa propre matière. (…)
Citation tirée de la préface écrite par Jean-­‐Pierre Sintive dans Les apparitions de la matière, la monographie consacrée à Gilbert Pastor, une coédition Propos2 éditions / Editions Unes, parue en février 2013.

Le monde de Gilbert Pastor est à la fois humble et profond.
L’atelier, une petite pièce ouverte sur le sud et le ciel où s’empilent flacons, pinceaux, pinces, clous, cadres, peinture, toile, mille choses bien rangées, est exigu. Comme l’établi d’un artisan, l’endroit est divisé en 3 places de travail : une pour peindre, une pour dessiner et une pour fabriquer les cadres. Décor boisé et atmosphère sereine coupée du dehors, à l’abri du temps, une véritable mini manufacture de peinture à l’ancienne. Ce ne sont pas des toiles qui sortent de l’atelier mais des tableaux, chacun encadré individuellement, minutieusement.

A droite du chevalet, en pleine lumière, Gilbert installe un carton de taille moyenne ouvert sur le devant à la manière d’une maison de poupée. L’intérieur est tapissé de chutes de papier peint, percé de fenêtres et d’une lucarne pour moduler la lumière. L’artiste y installe des petits objets, des bouts de tissus ou un délicat lit en fil de fer selon les besoins de la composition. Scène réduite, prélude à une peinture d’Intérieur ou de nature morte.
La palette des teintes est restreinte : bruns, ocres, noir et blanc. La matière, des glacis de terre, est travaillée, patiemment, couche après couche pour arriver à ce rendu spectral, caractéristique des toiles de Gilbert Pastor.
Les personnages semblent surgir de derrière la toile dans un souffle, à la manière d’une apparition furtive. Phalènes attirées par la lumière, ils ne font que sortir de l’ombre pour mieux y retourner.
Quant aux portraits, visages aux mille identités, ils nous questionnent sans complaisance avec un regard émergeant de la nuit des temps.
Ce sont des âmes.

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