Les invisibles
L’artiste a mûrit sa peinture à l’abri du monde. Il a pu emprunter un chemin bien à lui. Son œuvre est de ce fait singulière.
Georgik aime employer des techniques complexes. Les tableaux naissent lentement, couches après couches. L’artiste superpose des papiers translucides, fait apparaître pour mieux faire disparaître. Il peint à travers un tamis ou enferme la couleur entre deux couches de papier. Ces interventions amènent une dose d’aléatoire. La perte partielle de contrôle fait partie de l’aventure picturale. Georgik joue à s’égarer.
Les sujets restent figuratifs.
L’humain est au cœur de cette production.
Dans les tableaux récents, de petites filles armées de bâtons courent derrière des cochons. Des personnages nus se font dévorer par des loups. Il y règne une frénésie, une explosion de vitalité excessive comme si les protagonistes se savaient poursuivis voire définitivement condamnés. Cette proximité du trépas, de l’issue fatale émerge encore plus clairement dans la série de portraits de femmes. Debout ou assises sur des bancs, elles s’offrent au regard, impassibles, alors que transparaît leur squelette à travers les couches successives de papier.
On ne peut pas pour autant parler de morbidité car la mort chez Georgik n’est qu’une métaphore du temps qui passe, de l’irrémédiable et de l’éphémère. Elle n’a rien d’inquiétant. Elle est une composante de la vie.
Les tableaux de Georgik rappellent les jeux enfantins où la vérité est indissociable du mensonge, comme le réel l’est du rêve.