Découpages

Papier découpé
30.10.2014 – 20.12.2014

Anna Sommer est une illustratrice dont le crayon est un cutter. Elle coupe dans le vif, en plein milieu de la feuille de papier de couleur. La forme se détache avec des courbes parfaites que l’artiste argovienne assemble sur un fond comme les pièces d’un puzzle. C’est un pur moment de magie quand l’image prend forme petit à petit. Le découpage a l’air facile. Le geste est rôdé et harmonieux. Le résultat est d’une beauté rare. Depuis un voyage au Japon sont venus se rajouter des feuilles imprimées, des papiers uniques, des fins de stocks de tapisseries anciennes. Anna les utilise avec parcimonie. Leur force graphique risque sinon de supplanter l’histoire. Car les images sans textes d’Anna ne sont pas muettes pour autant. Elles parlent de tendresse et d’amour, de malaises et d’équilibres précaires. Elles sont à la fois pudiques et crues, contemporaines et retro. Anna aime les couleurs en demi-teintes et les motifs anciens. Elle a développé un style bien particulier au fil des années. Ses saynètes racontent avec une apparente simplicité des histoires pour le moins bizarres : une fille qui rêve de Freud à poil et d’un crapaud en larmes, une héroïne asiatique comme sortie d’une peinture érotique ancienne et ses boules de pétanque, un garçon épuisé et maladroit, une partie de crêpes et d’élastique, une dompteuse d’écureuil. Il en résulte une tension qui donne à l’univers de cette artiste ce ton singulier et absolument charmant.

Anna Sommer a crée une série de grands découpages spécialement pour l’exposition à l’Espace RICHTERBUXTORF.
Elle expose également la série d’images qui a donné lieu à la publication « l’œuf » aux éditions Actes Sud, présentée à Lausanne en septembre 2014 lors de BD-Fil. Ses découpages racontent au premier plan l’histoire d’un couple d’oiseaux qui couve un œuf tombé dans leur lit un beau matin. Au second plan, dans de petits cadres ovales, l’illustrateur Noyau, le compagnon d’Anna Sommer narre les tentatives de vol d’un couple d’humains nus perché sur une branche. C’est la première fois que les deux artistes interviennent sur le même original.